Interview de Valérie Pernette
Présentation Valérie Pernette
Comment fais-tu les choix de sujets pour tes articles ?
Valérie Pernette: Ça dépend vraiment des articles et ça dépend vraiment des fois. Parfois c’est les sujets qui viennent à nous, les gens qui viennent à nous, dans le sens où un coup de fil, un mail et ça donne l’envie d’aller plus loin de creuser et de les rencontrer pour faire un article et puis éventuellement de tirer le fil pour faire d’autres articles. C’est le cas du garde de pêche l’article que j’ai fait aujourd’hui. C’est quelqu’un qui a téléphoné à la rédaction et qui a dit « voilà je suis garde de pêche et pour limiter les frais de déplacement je me déplace à vélo » et je me suis dit « ouais c’est original comme principe, c’est sympa, c’est l’occasion de parler d’un garde de pêche on en parle pas si souvent que ça et puis c’est l’occasion de parler de cette notion de prix des carburants. Et du coup on a lancé un appel Facebook pour demander aux gens comment ils faisaient eux avec la hausse des carburants. Donc ça fera deux articles au final que je mettrais dans la même page je pense si je peux mais ça fera deux articles, l’exemple du garde de pêche et l’article dessous avec les contributions qui sont revenues via les réseaux sociaux. Ça faisait longtemps que je me disais il faut refaire quelque chose autour du prix du carburant. Dès que je passe devant une station essence je me dis c’est dingue on est toujours à 1,9€, 1,8€, 1,9€, 2€ le litre. On en a parlé au début quand ça a flambé puis là on n’en parle plus mais les gens font toujours le plein et ça leur coûte toujours de l’argent et ça doit commencer à peser dans leur budget. Donc comment ils font pour compenser, ou quelles solutions, quels choix ils sont obligés de faire. Donc ça faisait un moment que j’avais ça un peu en tête et il y a eu l’appel du garde de pêche et ça a enclenché le sujet. Mais c’est très varié, des fois on se creuse la tête pour trouver des idées parce que rien ne vient à nous. Donc là il faut juste avoir l’esprit un peu ouvert tout le temps et les idées viennent dans la rue en se baladant. Je guette toutes les annonces que je vois. Je ne peux pas être à une caisse d’un supermarché sans lire les petites annonces. Il y a toujours des trucs à glaner un peu partout et puis bien sûr beaucoup sur les réseaux sociaux, il y a toujours plein de réflexions qui peuvent nourrir des idées de sujet.
La Nouvelle République se tourne beaucoup vers ce qui est plurimédia, les réseaux sociaux, les webfirst et vidéos. Que penses-tu de cette importance du plurimédia ?
Valérie: Ça fait longtemps que c’est enclenché mais c’est progressif et petit à petit on développe le multimédia, petit à petit on développe les réseaux sociaux mais ça fait quand même quelques années qu’on a notre site internet, qu’on l’alimente, qu’on fait des vidéos. Moi j’ai fait mes premières vidéos quand j’étais à Chinon donc il y a plus de 7-8 ans. Les premières vidéos, on les faisait avec nos appareils photos à l’époque, maintenant on les fait avec nos smartphones. Mais ça fait longtemps qu’on fait des vidéos, ça fait longtemps qu’on a investi les réseaux sociaux, et puis progressivement on le développe toujours un peu, on en ajoute et maintenant on en a de plus en plus en webfirst, mettre sur le web d’abord. Que ce soit les papiers écrits ou avec des vidéos. On réfléchit différemment en terme de mise en avant et de diffusion des contenus mais en tout cas c’est forcément ce qui se développe de plus en plus. Et un peu de podcast, on n’en fait pas mais il y a des initiatives de podcast aussi. On fait des papiers qui ne vont que sur le site, des cartes, des infographies un petit peu mais c’est des techniques qu’il faut apprendre en plus et qu’on ne maîtrise pas tous donc on essaye d’en faire un peu. En tout cas c’est l’avenir, le multimédia forcément. Moi je me considère pas comme journaliste de presse écrite, je suis journaliste multimédia. Je fais de la télé en plus, un peu.
Quand tu es de pilotage, comment ça se passe pour choisir la une du journal du lendemain ?
Valérie: On en parle tous ensemble maintenant. C’est assez nouveau mais on en parle le matin, à la réunion du matin, un peu tous ensemble pour se donner déjà une première réflexion. Pour la grosse une, la grosse photo… Le choix il se fait beaucoup autour du sujet mais aussi de la photo. Il faut que ce soit un sujet très illustratif, très illustrable, très iconographique, dont l’image soit assez belle, assez forte. Parfois il y a des sujets qui sont très très très forts mais il n’y a pas de photo donc là on ne pourra pas faire la grosse une avec, on peut les mettre en haut. C’est vraiment le choix de la photo qui est important. C’est pour ça qu’on insiste souvent auprès des photographes et des rédacteurs sur la qualité des photos. Et puis après, en fonction de tout le journal, on regarde ce qui est le plus fort en terme d’image puis en terme d’infos et ce qui peut capter l’attention des gens qui passent.
Peux-tu me parler un peu de la ligne éditoriale du journal ?
Valérie: On est un journal vraiment dans la tradition de la presse quotidienne régionale. Nous on est encré dans nos territoires donc on parle de ce qu’il se passe sur nos territoires. On reste hyper factuel et proche des faits. On est relativement neutre et objectif dans tout ce qu’on traite. On ne met pas nos points de vue en avant. On est une ligne relativement citoyenne je pense. Je dirais citoyenne et on essaye d’inciter les gens à aller d’avantage voter par exemple ou pendant la vaccination on était plus à dire aux gens d’aller se faire vacciner que de manifester contre le vaccin par exemple. Mais voilà, à parti du moment où ça se passe ici, ça, nous on en parle.
Aurais-tu des conseils à donner aux futurs journalistes ?
Valérie: Le premier conseil c’est d’être curieux, de s’intéresser à tout et à beaucoup de choses. D’être ouvert, dans le sens regarder toujours autour de soi, de poser plein de questions, de se poser soi-même plein de questions, sans tomber dans la théorie du complot. Toujours un peu remettre en cause et douter de ce que l’on nous dit. « Pourquoi il me dit ça ? » « Quel intérêt il a à me dire ça ? » « Pourquoi il veut que j’écrive ça ? » « Je ne dois pas être vraiment dupe ». Ça peut être un bon conseil et puis il faut travailler. Je pense que ça c’est la base de tous les métiers mais en journalisme comme dans les autres il faut travailler. Il faut y passer beaucoup de temps et puis il faut aimer ça. Quand on aime c’est toujours mieux mais quand on aime après c’est plus vraiment du travail, c’est ça qui est bien. Quand c’est une passion les journées passent plus vite.